Dans un collectif, on se focalise sur les échanges, la distribution et la prise de la parole, l’exactitude et le sens des mots…La parole pourtant vit sous les projecteurs grâce à sa « moitié » en creux : LE SILENCE.
Parole et silence forment un ensemble vivant, mobile, stimulant. La qualité de cet ensemble s’exprime sur un curseur qui va de la surface (révélant les réflexes, les habitudes, les stéréotypes) à la profondeur (des états mentaux, des relations, des pensées, des idées). Et dans le déplacement sur ce curseur, peut-être est-ce le silence qui mène la danse.
Observons le silence.
A une extrémité du curseur… Silence gênant/ gêné ? Assourdissant lorsqu’il reste suspendu à une réponse ou une parole qui ne vient pas, ou encore lorsqu’il ne respecte pas une bienséance. Plus il s’installe alors, plus il devient tangible, on n’entend plus que lui ! On toussote et on se tord sur sa chaise, alors qu’on voudrait le découper à la hache ce silence impoli !
Silence lourd, de sous-entendus, de résignation, de déceptions. Têtu.
Silence appliqué, obéissant devant la consigne ou l’ordre donné. Sage.
Déplaçons-nous sur le curseur…Silence Miroir ? Il gagne en souplesse, on gagne en confort et en concentration, rassemblés ensemble, à l’écoute des faits, de la situation, à l’affût d’idées d’amélioration ; silence reflet, retour en soi pour questionner ce qu’on en pense, ce qu’on en sait, ce qu’on pourrait faire. Silence-hypothèses, avant de revenir aux autres, augmenté. Coupures salutaires.
Encore plus loin… Silence comme des fils, des liens entre nous ? Il s’épanouit, respiration à l’unisson pour se déplacer vers l’autre, l’écouter vraiment, ressentir ce qu’il ressent, peut-être.
Pour partager une émotion, bouleversés côte-à-côte, reliés par la corde vibrante d’un silence moelleux.
Silence dans lequel on s’installe, silence savoureux.
A l’autre extrémité du curseur… Dimension spirituelle du silence ? Plus loin, vraiment ailleurs, il devient une pratique, une ascèse. Il nous connecte à notre être (lumineux), aux autres (dans ce qu’ils portent de meilleur), dans notre humanité (si vaste). Espace-temps à part, « lieu » de création.
Offrons-nous une minute de silence pour célébrer et penser au silence, capable de nous transformer par ce qu’il provoque en nous dans le monde, pour peu qu’on l’apprenne, ensemble.
Observons le silence lors de nos échanges professionnels, en tête à tête, dans les équipes, en réunion et écoutons ce qu’il nous dit de la prochaine étape de développement du collectif et du chemin à venir.
